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2 mars 2015

Affront

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Je ne rédigerai pas l’avis de décès.

Je me suis simplement immergé parmi tous ces gens qui ce vendredi 27 février s’en vinrent saluer le travail qui s’accomplit durant tant d’années à la Chapelle Gely.

J’ai observé et apprécié la retenue et la dignité de l’homme qui fut la cheville ouvrière d’un projet a priori insensé : animer un lieu de culture, donc d’échange, au cœur de l’un des quartiers les plus défavorisés de Montpellier.

Là où se concentrent des pas ressemblants.

Des pauvres gens en quête d’une reconnaissance que les Puissants s’acharnent à ne pas leur accorder.

Auxquels ces Puissants concèdent de maigres aumônes les veilles d’élections.

J’ai donc vécu les dernières heures de la Chapelle Gely, ces moments qu’au plus profond de soi-même l’on sait irrévocables mais dont on feint d’espérer, plus que de croire, qu’ils marqueront comme un nouveau départ.

Un espoir absurde.

Un espoir insensé.

Les Potentats n’en font qu’à leur guise.

Et le Grand Métropolitain qui se prétend le seul fils naturel de l’Immense Disparu n’ignore rien de l’art de la mise à mort.

Je suis donc sorti de la Chapelle Gely, en cette nuit d’hiver, le cœur lourd, lourd d’une tristesse que je n’avais pas la moindre envie de partager.

Je suis sorti au terme de l’ultime concert.

Fatigué.

Désespéré peut-être.

Mais dans les soubassements de ma vieille carcasse, le désespoir ne s’installe jamais très longtemps.

Je l’ai évacué dans un premier temps en usant d’une colère à l’encontre de celles et ceux qui durant toute la durée du concert jouèrent avec leurs machineries électroniquantes.

Impudeur.

Irrespect.

Vulgarité.

Le trivial exhibitionnisme auquel se livrent les nantis.

J’eus même quelques pensées mortifères à l’encontre de cette vieille chose qui, à quelques pas de moi, ne cessa pas de manipuler sa machinerie, m’imposant le hideux du spectacle de son visage coloré d’un vert fluorescent par l’écran sur lequel s’affichaient ses échanges épistolaires.

Mais je le reconnais bien volontiers : la soirée n’est en aucun cas réductible à ce qui relève de l’imbécillité et de la flagornerie.

L’essentiel s’insinua dans les frissons qui parcouraient la foule des auditeurs qui écoutaient Celle dont la voix vibra d’une exceptionnelle intensité durant ces dernières heures du partage.

Puis, sur le chemin de mon retour vers mon chez moi, ma colère se fit d’une autre nature.

D’une nature plus politique.

Supposons, car ce n’est bien évidemment qu’une hypothèse, supposons me dis-je alors qu’en mars 2014 les électrices et les électeurs montpelliérains aient confié les rênes du pouvoir à la candidate des Sombres Marinasseries.

Supposons qu’après quelques semaines de règne la Duchesse Douairière ait décidé de priver de subventions communales non seulement la Chapelle Gely mais aussi le Festival Hybrides et le Printemps des Comédiens.

N’aurions-nous pas alors vécu un fantastique mouvement d’indignation ?

N’aurions-nous pas entendu les voix les mieux autorisées, celles des consciences morales les plus élevées condamner avec véhémence l’arbitraire des décisions iniques prises par la Première Magistrate ?

Et non point seulement dans les limites étroites du landernau montpelliérain mais dans la France tout entière.

Intellectuels, manieurs de l’équerre et du compas, politiques à la geste républicaine, médiatouilleurs jusqu’aux plus accessoires, tous se seraient dressés comme un seul homme pour dénoncer l’intolérable.

Or, il se produit depuis quelques semaines en la bonne ville de Montpellier quelque chose qui relève de l’intolérable.

Mais le Grand Métropolitain qui décide de tout, qui règle des comptes étrangers à l’intérêt général, et qui n’écoute que lui-même, cette pâle imitation de Celui qui fut son Maître bénéficie d’une étrange et inquiétante mansuétude de la part de trop d’intellectuels, de manieurs de l’équerre et du compas, de politiques à la geste républicaine, de médiatouilleurs jusqu’aux plus accessoires.

Deux poids deux mesures ?

Les perversions qui ont cours ici seraient-elles moins pires que celles qui ont cours ailleurs, là où les adeptes des Marinasseries détiennent effectivement le pouvoir ?

Je ne réclame qu’un peu de cohérence, fort soucieux que je suis d’engager le combat contre le Front National sur le seul terrain qui vaille, celui de la Politique.

Or il est des silences et des renoncements qui lui fournissent à ce Front là les armes les plus utiles à ses mortifères assauts.

Etranger aux coteries, je sais que je n’ai pas la moindre chance d’être entendu.

J’introduis donc ce message dans une antique bouteille qui contint une très vieille mirabelle de chez moi.

Peut-être s’échouera-t-elle, la dite bouteille, sur une plage lointaine, là où des gens éclairés extirperont le bout de papier sur lequel j’ai libellé mes pauvres mots et qu’ils consentiront, eux, à livrer le combat politique contre ce Grand Métropolitain qui use et abuse d’un pouvoir que ne lui confièrent que 16% de celles et ceux qui sont inscrits sur les listes électorales de la bonne ville de Montpellier.

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