Cohérences

Ah la belle, la vertueuse indignation !

Que je partage.

Oui, les ignobles attaques contre Najat Vallaud Belkacem, les répugnantes couvertures des hebdomadaires acoquinés à l’extrême-droite, les dégueulis qui s’insinuent un peu partout sur le Net, oui, tout cela est intolérable, indigne d’une démocratie.

Mais lorsque dans la Jofrinette de ce jour, Lolo accuse avec une véhémence un peu molle les adeptes de Léon Daudet et de Charles Maurras, il oublie dans le même mouvement de rappeler que des voix de gauche entonnèrent, elles aussi, des refrains assez répugnants.

A commencer par le personnage psychorigide que le Monarque a installé dans les fonctions de Grand Chambellan après lui avoir précédemment confié le commandement des Argousins.

Ce personnage psychorigide qui déclara, voilà tout juste un an, que les pas ressemblants qui s’entassent à la périphérie de nos cités,  seraient non intégrables puisque « leurs modes de vie (sont) extrêmement différents des nôtres. »

A l’époque, « Le Monde » avait titré : « La faute lourde de Manuel Valls ».

Le dit Manuel qui n’était pourtant pas à sa première et douteuse saillie.

Trop de gens de gauche, sur cette question du racisme, sont loin d’être exempts de reproches.

Or, c’est une question sur laquelle, lorsque l’on se réclame de la gauche, il est impérieux de se montrer plus qu’irréprochable.

Et puis il serait bienvenu que Lolo se montrât, lui, plus attentif à ses fréquentations.

Lorsqu’il dénonce, à juste titre, cet amas de détritus qui paraît chaque semaine sous le titre de « Valeurs actuelles », il semble tout de même perdre de vue qu’un des éditorialistes de Libé, chaque lundi si ma mémoire ne me trahit pas, pérorait à une heure vespérale en la compagnie du directeur de la rédaction de ce torchon (ou rédacteur en chef ?) sur les ondes de la radio itérative.

Deux larrons en foire, qui se tutoyaient, qui entrecoupaient leurs conversations de moments de franche et confraternelle rigolade, dont il doit bien rester quelques traces (récentes) dans les archives de cette radio (de plus en plus inaudible, j’y reviendrai).

« Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es », m’enseigna ma maman.

J’ai toujours trouvée indécente et immorale cette complicité entre deux individus qu’a priori tout aurait dû opposer.

Cette complicité qui fait qu’aujourd’hui le propos de Lolo est entaché et quelque peu dénaturé par cette relation obscène entre un éditorialiste de sa boutique à lui et le facho qui s’essaie à paraître fréquentable (et qui fut fréquenté).

Sinon ?

Je ressens la nécessité de comprendre.

L’OTAN est-elle une organisation dont la seule mission viserait à faire régner la paix universelle ?

Qui domine, qui dirige cette organisation ?

Quelle armée en est l’outil majeur ?

L’armée belge ?

L’armée luxembourgeoise ?

Quelles sont ses vraies missions ?

Pourquoi cette hâte à intégrer des pays de plus en plus proches, géographiquement, de la Russie ?

Pourquoi l’installation si rapide, en Pologne, de bases dont les armements ne sont tout de même pas destinés à expédier, par delà les frontières de l’ex empire soviétique, du ravitaillement destiné aux populations affamées par le tyran Vladimir ?

Notre chère Amérique est-elle une nation exemplaire qui aurait enfin renoncé à régenter les affaires de la planète ?

Combien de guerres inachevées et inachevables dans lesquelles elle se lança sans rien entendre des objections formulées par l’ONU et même par quelques-uns de ses plus fidèles alliés ?

Au nom de quelle civilisation en devenir ?

Celle d’Hiroshima et de Nagasaki ?

Celle de l’arme nucléaire ?

Celle du napalm si généreusement déversé sur le Viêt-Nam ?

Celle des frappes chirurgicales ?

Celle des drones qui exterminent sans distinction les présumés coupables et les vrais innocents ?

Faut-il dès lors à ce point s’aveugler et prendre pour argent comptant tout ce qui se profère et s’écrit aujourd’hui sur les violences perpétrées en Ukraine ?

Ces fantasmagories infantiles qui sont assénées à longueur de journée ?

Cette propagande éhontée qui fera peut-être sourire, dans trente ou quarante ans, mes petits-enfants.

Tant il n’est rien de pire, de plus dangereux dans (et pour) une démocratie que l’unilatéralité des opinions sur des questions aussi graves.

Tant il est devenu évident que le tintamarre médiatique ne vise plus à informer mais à enrôler un maximum de consciences dans ce qui n’est peut-être qu’une nouvelle et insensée aventure aux visées non explicitées (mais qui pourraient n’être que l’antépénultième épisode d’une mise sous tutelle américaine de la planète).