COMEDIE (158)

Cela ne s’engage pas sous les meilleurs auspices.

Phiphi.

Dont le quotidien proxénète propose aujourd’hui une interview.

J’achète donc un exemplaire du quotidien proxénète.

Un euro, tout de même.

Je m’installe à la terrasse de mon bar de prédilection.

J’entame la lecture des confidences susurrées à l’oreille d’un garçon qui dans un passé déjà lointain réussit l’exploit inouï de rédiger un compte-rendu d’une réunion du conseil municipal de la bonne ville de Palavas, une réunion où il avait alors brillé par son absence.

Ce qui révéla alors une fabuleuse capacité à se soumettre aux exigences édictées par certains notables qui sont, il est vrai, les généreux donateurs de mannes publicitaires pour un journal qui, nul ne l’ignore, marche de guingois.

La preuve : le gentil Y Grec Pet – l’interviewer de Phiphi - a gravi quelques échelons au sein d’une rédaction qui, au fil du temps, s’est délitée.

Dès le début de son propos, Phiphi n’y va pas avec le dos de la cuillère : « J’envisage sérieusement de présider l’Agglo ».

Phiphi qui jura ses grands dieux tout au long de la campagne qu’il se contenterait bel et bien des fonctions de maire à plein temps de la Ville à laquelle il voue une constante affection.

Imprévoyant le garçon ?

Qui semble par exemple découvrir qu’il n’est pas simple de régler « le problème des ordures ménagères quand la moitié du contrat dépend de la Ville et l’autre, de l’Agglo… » !

Puis Phiphi qui s’étonne : « Je suis surpris par l’élan de confiance que les maires m’ont témoigné… »

Les maires de l’Agglo.

Ce qui, et j’ouvre ici une parenthèse, met en exergue un déficit démocratique qui, en principe, devrait préoccuper tous les gens de gauche : le mode de désignation des membres de l’assemblée qui a en charge la gestion de cette entité.

Certes et a priori désignés par le suffrage universel.

Mais sans qu’ait été engagé le moindre débat sur la politique que les nouveaux élus y mèneront et sur les développements futurs, dont l’éventuel passage à la Métropole.

Je rends tout de même à Phiphi ce que je m’apprêtais à confier à César : oui, l’eau reviendra bien en régie publique.

Reste tout de même à savoir quand et dans quelles conditions ?

Donc l’Agglo.

Que Phiphi présidera, nul ne peut plus en douter.

Et vers laquelle, via le prolongement vers la mer de la ligne 3, pourrait bien cheminer à rebours deux de ses enfants prodigues : le maire de Maugio, indépendantiste équilibriste, et le Calamiteux Pouêtepouête, pourtant de plus en plus contesté à Palavas.

Un des adjoints de Phiphi a peut-être ressenti une sorte de contrariété en découvrant tout autant que je le fis l’existence de liens d’amitié entre le nouveau maire de Montpellier et celui qui accueille régulièrement chez lui les affidés de la Fille de Jean-Marie.

Amitié fraternelle ou fraternelle amitié ?

L’éternel apprenti palavasien dont les rimailleries relèvent de l’injure permanente faite à la Poésie, s’essaya paraît-il au maniement de l’équerre et du compas.

« Maladroit et sans imagination », aurait conclu voilà des lustres un vieux Maître.

Phiphi connaît peut-être ce dicton que Marguerite Toupet, feue ma mère, me contraignit à copier des dizaines de fois sur les pages blanches de certains de mes cahiers d’écolier : « Dis-moi qui tu fréquentes, et je te dirai qui tu es. »

Il est des fréquentations qui me semblent infliger un cinglant démenti à la volonté affichée par Phiphi de « faire de la politique autrement ».

Mais je concède bien volontiers qu’il doit être particulièrement difficile de se délivrer des méthodes de gouvernance héritées d’une longue et constante fidélité à l’Imperator.