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31 janvier 2014

Les damnés de la terre

allaire fanon

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il fallait oser.

Oser placer Frantz Fanon sur le devant de la scène, dans ce pays où tant d’éminents intellectuels ne lui ont toujours pas pardonné d’avoir autrefois éclairé les véritables enjeux des guerres d’indépendance, dont celle que mena le peuple algérien.

Dans ce pays qui entretient toujours, de manière sournoise et confuse, le mythe de la puissance coloniale et qui camoufle honteusement les propos racistes formulés par quelques-uns des grands personnages prétendument grands qui façonnèrent notre commune histoire de France dont, et en tout premier lieu, un certain Jules Ferry, l’homme de l’école publique gratuite mais aussi franc-maçon et célébré comme tel.

(J’en veux pour preuve la pitoyable indifférence de tant de bien pensants lors de la sortie cet automne, chez Gallimard, du pourtant si passionnant roman de John Edgar WIDEMAN « Le projet Fanon ».)

Jacques Allaire l’a fait dans un spectacle pour lequel il a repris le titre le plus emblématique dans l’œuvre de Frantz Fanon « Les damnés de la terre ».

Il l’a fait de bien belle manière en puisant parmi les cris les plus indignés qui furent proférés durant les huit longues années que dura la guerre d’Algérie.

Il l’a fait de bien belle manière en mettant en scène quelques-uns des témoignages établis par le médecin psychiatre Frantz Fanon, à l’époque où il officiait à Blida.

Des témoignages qui relient les victimes de la torture perpétrée par la soldatesque française et quelques-uns de leurs bourreaux.

Il l’a fait de bien belle manière en ramassant, en condensant quelques-uns des grands élans de fraternité dans lesquels Frantz Fanon rêve de rassembler l’humanité des damnés de la terre.

Le spectacle m’a passionné, ému, bouleversé.

D’autant plus qu’il ne s’englue pas dans une vision passéiste, qu’il pose des problèmes d’une brûlante actualité dont, et bien évidemment, ceux du racisme.

Une troupe homogène de six comédiennes et comédiens lui confère une force exceptionnelle.

Le théâtre contemporain ne propose que trop rarement des spectacles d’une telle puissance, d’une telle densité.

Je rends donc grâce à Jacques Allaire de m’avoir permis de vivre au théâtre Jacques Cœur de Lattes un très grand et très beau moment de création.

Je le précise car ce même spectacle sera prochainement présenté en la bonne ville de Montpellier, au théâtre Jean Vilar et que je ne puis résister à l’envie de faire naître chez quelques-unes et quelques-uns de mes proches le désir de vivre à leur tour à ce prodigieux spectacle.

jacques-allaire-les-damnés-de-la-terre

 

 

 

 

 

 

 

 

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