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15 novembre 2013

République?

Quoi ?

La République ?

« Réveille-toi ! », m’intiment quelques amis, et même d’autres qui ne sont pas mes amis.

Eminents personnages à qui se greffent la liste sans aucun doute non exhaustive des camarades, des frères, des compagnons, des marchands de poudre de perlimpinpin, des nouveaux convertis, des râleurs interférents, des démocrates consensualistes, des abbés de cour, des chambellans en devenir, des apaiseurs d’esprits torturés.

« Réveille-toi ! La République se meurt ! »

Et voici que les sanglots longs des violons de l’automne blessent mon cœur d’une langueur monotone.

C’est que moi, du fond de mon antre, j’observe depuis belle lurette la lente, l’inexorable agonie de la République.

Qui n’est déjà plus, et depuis belle lurette, que la raie publique dans les travées de laquelle pataugent les politotologues chargés de préserver le Peuple de la chienlit et donc de le convaincre de la nécessité de se soumettre aux politiques qui, les unes après les autres, inoculèrent les poisons mortifères dans le corps social.

Il est pourtant vrai que me révulsent les borborygmes proférés, à l’instigation de ses ordures de papa et de maman, par une gamine de douze ans.

Il est pourtant vrai que me révulsent les unes délétères qui font l’agrément de l’ignoble torche-cul inféodé à l’extrême-droite.

Je le consigne ici même : je suis d’autant plus révulsé que la cible désignée par les catholicofascistoïdes est une femme d’exception.

Une femme à laquelle, en 2002, j’avais confié mon suffrage.

La seule femme et le seul ministre qui, aujourd’hui, dans ce gouvernement de patachons, confère et de la grandeur et de la dignité à l’action politique.

La seule femme et le seul ministre dont le discours ne retire rien aux valeurs de la République.

Il m’est difficile d’être plus explicite, non ?

Je me refuse pourtant à apposer ma signature sur les pétitions qui me sont soumises.

Puisque ces pétitions émanent d’individus ou de groupes d’individus dont les réactions sont bien trop tardives.

Pire encore, puisque quelques-unes d’entre elles émanent d’individus ou de groupes d’individus dont les comportements politiques, sociaux, culturels au cours des vingt ou trente années qui viennent de s’écouler ont nourri l’émergence de cette extrême-droite dont ils feignent aujourd’hui de redouter la résistible ascension.

En prenant la grave responsabilité de gommer les différences fondamentales qui, dans une démocratie digne de ce nom, devraient opposer droite et gauche.

En nourrissant la fiction d’une droite républicaine, alors que la droite française se nourrit d’idéologies qui nient et exècrent la République.

En se livrant (et en continuant à se livrer) à de sordides calculs électoraux, ceux qui incluent les fameuses triangulaires.

En ne condamnant pas, à l’intérieur même de leurs propres factions politiques, ceux dont les propos marquèrent une double rupture : la rupture avec les valeurs qui firent la grandeur de la gauche et la rupture avec les valeurs de la dite République.

Avant donc de pétitionner, il est donc nécessaire que chacun des acteurs de ces processus-là prenne le temps de se livrer à un examen de conscience.

Suis-je ou non digne de cette République dont j’observe la lente, l’inexorable agonie ?

N’ai-je pas moi-même pataugé dans les travées de la raie publique ?

N’ai-je pas non seulement ignoré mais aussi et parfois bafoué ces mots qui s’effacent peu à peu des murs des bâtiments publics ?

LIBERTE.

EGALITE.

FRATERNITE.

Ne me suis-je pas lâchement résigné à accompagner quelques-uns de ceux qui ont transformé la société française en un magma inégalitaire au sein duquel les nantis imposent leur arbitraire à tous les autres ?

Tous les autres.

Les participatifs résignés comme les non participatifs.

Ne me suis-je pas trivialement torché le cul avec les engagements du Conseil National de la Résistance qui au lendemain de la seconde guerre mondiale inventa une politique un peu plus égalitaire, un peu plus fraternelle pour ce pays en ruine qu’était alors la France ?

N’ai-je pas, à la façon du Monarque d’aujourd’hui, et dès le mitan des années 80, clamé haut et fort qu’il n’était rien de plus urgent que de changer la gauche et d’en faire une annexe de la droite, inféodée tout autant qu’elle à l’appareil d’état ?

La résistible ascension de l’extrême-droite ne résulte pas seulement des talents de transformiste de la Marinasseuse : elle est surtout la conséquence du désastre idéologique qui a rendu la gauche dans un état proche de la néantisation.

Une gauche qui ne sait plus rien conduire d’autre que des politiques de droite.

Une gauche qui ne parle plus au Peuple.

Une gauche qui n’aime plus le Peuple.

Une gauche qui trop souvent méprise le Peuple.

Alors ?

Alors, oui, je n’imagine pas d’autre perspective que d’entrer en résistance.

Mais en ayant la volonté d’inventer un vrai projet de rupture avec l’ordre dominant, avec ce Grand Désordre Capitaliste qui conduit inexorablement l’humanité à sa perte.

Semer des idées.

Réintroduire le rêve.

Rendre de l’humanité, de la belle humanité, pour tout le genre humain.

C’est la seule façon de pétitionner que je sois en mesure de concevoir.

Je ne puis clore ce chapitre sans y greffer un codicille.

Les gauches alternatives dans leurs improbables alliances actuelles ne peuvent se dédouaner.

Elles ont leur part de responsabilité dans cette résistible ascension de la Marinasseuse et de ses sbires.

Ne serait-ce que dans ces médiocres affaires désormais passées par le compte pertes et profits.

Tel ce bulldozer à Vitry, la veille de l’élection de Tonton.

Telle cette dénonciation publique, la même année, d’une famille marocaine à Montigny-les-Cormeilles.

Telle cette expulsion il y a deux ou trois ans, à Bagnolet, en plein cœur de l’hiver, de miséreux qui survivaient à peine dans un immeuble insalubre.

Trois « petits » évènements qui me reviennent en mémoire.

Trois « petits » évènements cependant révélateurs d’inquiétantes dérives idéologiques.

 

A Voce Rivolta !

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