COMEDIE (124)

Notre Hélène, bonjour !

Les dés sont jetés.

Les Solférinistes te renient après qu’ils t’eurent adoubée en cette année de tous les périls, après que celui qui n’était pas encore l’Immense Disparu eût franchi une fois de trop certaine ligne rouge.

La gratitude est de ces vertus qu’ignorent les dirigeants politiques.

De toute évidence, les Solférinistes appellent de tous leurs vœux la désignation de l’ Illimitable Ectoplasme pour succéder à Celui qui ne t’avait, il est vrai, que concédé une Régence.

Donc, tu t’es mise en congé du parti socialiste.

Tout comme Phiphi qui est fort bien placé pour savoir que dans un parti où les militants sont beaucoup moins nombreux que les mercenaires, ce sont toujours les mercenaires qui finissent par l’emporter.

Sans doute envisages-tu d’ores et déjà de constituer une liste où s’additionneraient tes quelques fidèles, tes rares amis, mais aussi quelques-uns de ceux qui caressent toujours l’idée d’en découdre avec la bande des spadassins autrefois conduite par le Pizzaïophage.

Tout comme Phiphi, d’ailleurs, dont les affinités avec le Ministre des Argousins l’entraîne dans une droitisation qu’un parti socialiste digne de ce nom devrait récuser.

Mais est-il encore socialiste ce parti qui se prétend socialiste ?

Hein, notre Hélène ?

Tu me fus, tout au long de ta Régence, un peu plus que sympathique.

Lors de ce combat perdu d’avance, celui que j’évoquais ci-dessus.

Dans ton bel acharnement à exiger le droit au mariage pour tous.

Dans la multitude des détails infimes qui t’ont faite si différente de l’Autre, l’Immense Disparu.

Dans ton indépendance à l’égard de la Machinerie politique.

En dépit de tes errements.

En dépit de tes insuffisances.

Mais, notre Hélène, l’avenir n’appartient pas aux hommes et aux femmes de ta génération (qui est aussi la mienne).

Une génération façonnée, une génération introduite en politique de par la seule volonté de celui qui régna si longtemps, trop longtemps, sur la bonne ville de Montpellier.

L’avenir n’appartient évidemment pas à l’Illimitable Ectoplasme, cette sorte de marionnette activée par les bureaucraties qui le cernent et manipulée par ses communicants.

L’avenir n’appartient évidemment pas à Phiphi, lui aussi enfant du frêchisme.

Leur socialisme de compromis, de copinage avec la droite et certains médéfieux notoires prépare à très court terme l’inversion des rapports de force, la transmission du pouvoir à je sais laquelle des droites.

Montpellier réclame du sang neuf, du souffle, des idées neuves, de la jeunesse, du renouvellement.

Montpellier réclame l’émergence d’une nouvelle génération désentravée de toute soumission au frêchisme.

Les Solférinistes choisissent a priori l’immobilisme, obsédés qu’ils sont par les gains à très court terme.

Tant les élections municipales de mars 2014 risquent de leur valoir de terribles désillusions.

En concédant à l’Illimitable Ectoplasme ce vote si particulier, ils assurent la victoire des mercenaires sur les militants, mais aussi sur le peuple de gauche qui espérait, lui, ce renouvellement.

Le calcul est médiocre, vil, méprisable.

Il administre la preuve que le parti socialiste est l’exclusive propriété des clans.

Ton éventuelle candidature hors parti, notre Hélène, n’y changera rien.

Mais chacune et chacun voient midi à leur porte.

J’y verrai peut-être plus clair à mon retour d’exil (volontaire) au cours des premiers jours d’octobre.

Pace è Salute, notre Hélène !