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22 juillet 2013

Carcan

J’étouffe.

J’étouffe, prisonnier de ce carcan auquel me condamne une société qui me devient étrangère.

Des petits riens qui s’additionnent jusqu’aux ignominies perpétrées au nom de valeurs exfoliées, vidées de leur sens, de leurs richesses passées.

Les petits riens ?

Ce qui s’accumule depuis tant d’années, sous le règne de l’Irascible Trépidant puis sous celui de François le Débonnaire.

D’interdit en interdit, comme s’il n’était d’autre recours que d’infantiliser le citoyen, de brandir devant lui les foudres de la loi.

Fais pas ci, fais pas ça.

Ritournelle obsédante reprise en chœur par des Chambellans empressés de complaire au Monarque.

Voilà que Celle qui a en charge la préservation de ma santé préconise l’interdiction de l’usage du tabac dans des espaces non clos.

Une vérolutionnaire, Celle-là.

Une vérolutionnaire qui entend laisser Sa marque dans le grand livre des anecdotes imbéciles qui font les délices de la Médiatouillerie.

Devant les établissements scolaires ?

Un bien piètre exemple que celui du fumeur ou de la fumeuse face à une ribambelle d’écoliers, je le concède.

Puisque, c’est bien connu, le tabac et ses adjuvants tuent chaque année quelques dizaines de milliers d’invétérés consommateurs de nicotine et qu’il vaut mieux donc ne pas donner le mauvais exemple.

Laquelle nicotine n’est cependant pas moins nocive que les gaz délétères que dégagent les totomobiles et les rutilants quouatrequouatres qu’utilisent les gentils papas et les gentilles mamans pour conduire les bambins jusqu’à leur école (véhicules dont ils laissent tourner les moteurs, en été comme en hiver, pour ne perdre aucun des avantages d’une climatisation dernier cri).

Gaz délétères auxquels se surajoutent les multitudes de particules produites par les géniales industries que pilotent avec maîtrise et talent nos bienfaiteurs les Médéfieux.

Donc, les interdictions.

Les « fais pas ci, fais pas ça ».

L’infantilisation à marche forcée.

La régression intellectuelle qui génère des débats d’une affligeante médiocrité, d’une imbécillité confondante.

Le refus de l’intelligence, l’ignorance de la persuasion.

Une violence larvée pour contraindre.

Une contrainte qui coûte infiniment moins cher que l’explication via la pédagogie.

Alors, moi, à la façon de feu le barde ardéchois, je persévère : « J’interdis d’interdire et ma lèvre fleurit… »

Les ignominies ?

L’autosatisfaction du Grand Chef des Argousins, lui qui traque le rom selon des modalités identiques à celles qui prévalaient sous le règne de l’Irascible Trépidant.

Ce prétendu homme de gauche qu’affectionnent tant d’électeurs de droite qui considèrent, c’est évident, qu’ils n’ont rien perdu au change.

Le toujours plus de pauvreté pour tous ces damnés relégués dans des ghettos où la seule perspective est celle de la survie.

Cités oubliées, cités délaissées, là où dès son plus âge, l’enfant comprend qu’il est d’ores et déjà privé d’avenir.

Cités encrassées dont par souci de charité chrétienne quelques édiles font parfois ravaler les façades.

Pour, à défaut de « faire beau », donner l’illusion que l’on compatit.

Cités tumultueuses, où s’expriment des colères auxquelles les édiles ne comprennent rien, eux qui ne sont que des dispensateurs d’aumônes.

Alors que dans les Beaux Quartiers, les nantis s’enclosent derrière d’imposantes murailles afin de ne voir ni entendre la multitude des souffrances et des plaintes qui s’en viennent des banlieues.

Alors que les nantis dissimulent leurs magots dans ce que quelques serviles plumitifs appellent des « paradis fiscaux ».

A Trappes, ce n’est pas une histoire de burqa ou de voile qui est à l’origine des violences.

Ce sont bel et bien des facteurs sociaux : la pauvreté, le chômage, le mal-vivre.

Mais il est plus commode de ne se fier qu’aux apparences, n’est-ce pas ?

Celles-là même qui évitent aux Médiatouilleurs d’observer le spectacle obscène de la misère.

Alors, oui, j’étouffe.

Coincé dans le carcan.

Dépendant de cette putain de société qui m’assure le minimum vital via une pension de retraite.

Je tente le cri.

Mes mots s’entremêlent et copulent entre eux pour donner sens à ma colère.

Des petits riens jusqu’à l’ignominie.

L’affligeant, l’effroyable spectacle d’une société engoncée dans ses égoïsmes et qui ne connaît rien d’autre que la violence étatique pour tenter d’étouffer les hurlements d’un désespoir qui ne se sait pas collectif.

 

A Voce Rivolta !

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