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Comédies
16 juillet 2013

Chroniques corses 4

MARDI 18 JUIN

 

Effleuré depuis tant d’années l’homme qui vit reclus dans l’une des plus bâtisses du Village. Rencontré, abordé ce matin, à l’heure où s’annonce le boulanger itinérant (dont l’un des pneus de son fourgon a eu la malencontreuse idée de crever sur les hauteurs de Speluncatu). Donc une attente qui permit d’engager le dialogue, de commencer à lier connaissance. En évoquant Danièle Casanova qui eut, semble-t-il, des attaches à Belgodère ou à Occhiatana. Découvrir que cet homme-là appartint, lui aussi, à la famille communiste ; qu’il ne déserta, lui, qu’au lendemain du 26° congrès (que je situe, à vue de nez, au milieu des années 80). Universitaire qui n’enseigna en France qu’en toute fin de carrière, une carrière qu’il avait débutée en Allemagne dans les années 50 avant de la poursuivre dans quelques pays arabes (lesquels ? je l’ignore : l’homme ne fut pas disert !). Retraité, il revint vivre au Village, dans la bâtisse où l’enfant qu’il fut passa ses vacances. Un homme seul, un homme reclus, dont, semble-t-il, l’épouse est hospitalisée en Italie car privée du soutien de notre pourtant commune sécurité sociale. Pour des raisons qui ne me furent pas explicitées.

L’immonde canaille qui préside aux destinées de la Commission Européenne, autrefois laudateur du demi-dieu Mao, a usé du mot « réactionnaire » pour qualifier le refus exprimé par je ne sais lequel de nos Chambellans d’exclure les activités audiovisuelles  des négociations de « libre échange » avec nos bons amis américains. Soit donc ce que l’on appela, en d’autres temps, l’exception culturelle. Il y a bel et bien de la canaillerie dans le comportement et les propos de cet insolent personnage qui n’a, lui, de compte(s) à rendre à persone. Et surtout pas aux peuples européens. Puisque son pouvoir ne dépend pas du suffrage universel, soit donc de la volonté populaire. Barroso ne doit en effet son pouvoir qu’à la cooptation, donc aux copinages. Ce qui, par essence, n’a rien de démocratique.

Voici donc que les solférinistes refont une crise de jospinite aiguë. Cette maladie infantile du socialisme qui conduit le patient atteint de ce mal à seriner devant micros et caméras : « C’est pas moi, c’est eux ! » Eux ? Les Verdouilleux et les Mélanchonistes qui manifestèrent les uns et les autres le culot de se confronter au suffrage universel. Qui est pourtant le b-a-ba de la démocratie. Laquelle avait grand besoin de reprendre un peu de hauteur au lendemain de la révélation des turpitudes avouées par l’ancien ravaudeur de tonsures et Grand Argentier encensé par notre bon roi François le Débonnaire. A qui attribueront-ils, les solférinistes, leurs prochains naufrages électoraux, au lendemain des élections municipales puis européennes de 2014 ? Est-ce à ce point si difficile d’assumer son médiocre, son lâche exercice du pouvoir, sa propension à capituler devant les exigences des Médéfieux, son incapacité à ne point entendre ni à porter remède aux souffrances du Peuple ? En vérité, les solférinistes paient cash le fait de mener depuis plus de douze mois une politique qui, sur le fond, convient tant et plus aux Médéfieux. D’où la désaffection de l’électorat populaire, d’où des transferts de suffrages qui augurent bien mal de l’avenir.

 

 

 

 

 

MERCREDI 19 JUIN

 

Morse Taquin consacre de superbes photographies quadricomiques aux manœuvres conjointes auxquelles se livrent militaires britanniques et français en Corse. L’objectif de ces manœuvres ? Se préparer à agir « vite » dans une région non anglophone. Pioupious de sa Très Disgracieuse Majesté Britannique et légionnaires dont le Chef Suprême n’est autre que notre Monarque républicain arpentent donc de concert un terrain hostile. Ce qu’il est en raison même de ma présence, celle d’un vieillard antimilitariste ne goûtant pas du tout aux gesticulations des tueurs professionnels lâchés dans le maquis.

Ce qu’il y a de drôle dans l’article publié dans Morse Taquin, c’est que sa rédaction fut confiée à une femme. Et que cette femme-là, s’initiant à l’art de la guerre, y prend un indéniable plaisir. Au point de conclure son article sur une note d’espoir : « De quoi entrer dans du concret pour préparer de futures opérations dans des secteurs qui pourraient présenter de nombreuses similitudes avec l’île, afin d’agir avec efficacité, le plus vite possible. »

Une petite guerre. Bien gentille. Bien proprette. Avec tout ce qu’il faut d’anesthésiant. Sur un terrain présentant tellement de similitudes avec cette île que peuplent tant d’insoumis ? Paoli, réveille-toi : la Barbara est devenue folle !

Enfin, pas si folle que cela. Les manieurs de drones et autres machineries destinées à exterminer les vilains, les pas beaux, à éliminer l’ivraie pour préserver le bon grain, ces frapadingues que personne ne contrôle (foutre dieu ! la démocratie est nuisible à la bonne santé de la soldatesque !) sont évidemment préparés à en découdre avec les insoumis, où qu’ils se trouvent, jusques et y compris au sein même du pays qu’ils sont censés défendre.

Errance matutinale dans les ruelles du Village en compagnie de P’tit Bout. Surprise qu’à sept heures Huguette n’ait ouvert ni ses volets ni sa porte. Pas plus que Roger, que Marie-Jo, Pierre et François. Ni même Jean-François. Heureuse tout de même de croiser Dexter, le jeune chat de tout le monde et de personne, satisfait, lui, de se trouver enfin une compagne de jeux.

 

 

 

 

 

 

JEUDI 20 JUIN

 

Couvercle nuageux. Jean-François allume sa forge. Jean-François pousse le métal jusqu’au point d’exaspération. Puis il cogne sur l’extrémité incandescente. A l’aide d’un lourd marteau, il façonne. Efforts titanesques destinés à l’assemblage d’un portail. Un travail qu’il prise moins que celui qui concourt à la fabrication de couteaux. Des couteaux corses. Mais un travail rendu obligatoire afin de satisfaire aux attentes de quelques proches ou amis du voisinage.

L’observation des gestes du forgeron a fait naître en moi des interrogations liées à de récentes autant qu’intempestives déclarations ministérielles. « Jean-François ? La violence n’est-elle pas inhérente à l’âme corse, quelque chose d’héréditaire en somme ? Ce malheureux métal mérite-t-il le sort que tu lui infliges ? » Sourires. L’heure matutinale n’est celle ni du rosé ni du Casanis. Elle est celle de la feuilletaison de la plus récente livraison de Morse Taquin. Quotidien tapissouilleux qui a convié un préfet en partance à exprimer quelques confidences. De la Corse vers la Bretagne, ce qui fournira au Grand Commis de l’Etat (Mère) le prétexte de suivre par deux fois les exploits des coureurs du Four de Transes. Un préfet ne va plus aux champs. Il pousse des coudes afin de trouver la meilleure place dans le paysage médiatique, collant aux basques de celui qui s’évertua durant tant d’années à entretenir la légende d’un Texan, preux chevalier de la pédale. Je fus particulièrement ému par l’évocation susurrée dans l’oreille de l’interviouveur : monsieur le préfet manifesta tout au long de son séjour corse une attention de tous les instants envers les rosiers des jardins de la résidence du si dévoué représentant de l’Etat (Mère).

Par contre, pas la moindre question et donc pas la moindre réponse sur le récent incendie d’un bus en Balagne. Un bus rempli à ras bord de retraités. Tous sortis indemnes du brasier. Serait-il donc inconvenant de s’interroger ? De demander si cet incendie ne fut pas un test, grandeur nature, mis en scène, pourquoi pas, par d’autres grands commis de l’Etat (Mère). Ceux qui gèrent les caisses de retraite, par exemple ? Effectuons quelques rapides et sans aucun doute fantaisistes calculs. Sur la base, restons modeste, de quarante bus calcinés chaque année, ici et là, sur les belles routes de France. Dans chacun des bus, cinquante retraités en goguette. Direction Lourdes (où la grotte des miraculaisons s’est une fois encore remplie des eaux boueuses de l’Adour), Vierzon, Castanet-le-Haut, Charleville ou Trifouillis-les-Oies. Quarante que multiplient cinquante, soit donc 2000 retraités. Tous calcinés.  Sur la base de 1500 euros mensuels par retraité (un niveau très moyen pour des retraités excursionnistes) et sauf erreur de ma part, cette soudaine autant que brutale et dramatique disparition de 2000 ayant droit aurait pour conséquence un non débours annuel de 36 000 000 d’euros. Une aubaine pour des caisses de retraite exsangues ! Ajoutons-y, et toujours dans le même registre, le naufrage de quatre ou cinq navires de croisières destinées aux plus nantis des retraités, mais aussi une douzaine de catastrophes aériennes. A vue de nez, les comptes des dites caisses approcheraient alors d’un salvateur équilibre financier. J’élucubre, c’est vrai. Mais tout de même, l’incendie d’un bus, ici, en Balagne, fournit d’intéressantes pistes de réflexion à celles et ceux qui recherchent avec une farouche obstination, des solutions durables à une crise qui l’est tout autant.

 

 

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