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22 mai 2013

1936

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1936.

Les vers d’Aragon dans « Le Roman Inachevé ».

 

Jamais on ne se réveillait

Aux jours d’été de trente-six

Que pour un quatorze juillet

Le soleil couleur de maïs

Ne s’est pas couché de l’année

Sur nos pancartes promenées

 

Perpétuel temps des cerises

C’était un grand bal bleu et blanc

Dans la ville en bras de chemise

Sous un ciel plein de cerfs-volants

Prenaient de nous leur vol oblique

Les chansons de la République

 

C’était comme une féerie

Aujourd’hui le peuple est le maître

Il se promène dans Paris

Qui met ses drapeaux aux fenêtres

Enfants chantez et rechantez

Le pain la paix la liberté

 

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1936.

Au Pavillon Populaire.

Les reflets de ce temps-là y sont exposés.

Ceux des anonymes tout autant que ceux qui portent la signature des grands noms de la photographie d’alors.

Brassaï. Capa. Cartier-Bresson. Doisneau. Freund. Ronis. Seymour…

Reflets émouvants.

Reflets bouleversants.

Reflets d’un instant de l’histoire.

Reflets qui s’additionnent et écrivent de belles pages de l’histoire.

Tous ces instants conjugués qui exaltent la liberté, l’égalité, la fraternité.

La sidérante beauté d’un peuple debout.

Un peuple qui prend conscience de sa force et engage le bras de fer contre les capitalistes.

En ce temps-là, les mots avaient un sens.

Le peuple n’avait alors pas peur de les faire siens.

Ce que racontent les photos exposées.

Les grèves de 36, bien entendu.

La lutte, le combat contre le fascisme.

La victoire du Front Populaire.

Les attentes, les espoirs que d’aucuns jugeront insensés à l’aune de ce que s’en suivit.

Qu’importe.

Que m’importe !

Au Pavillon Populaire, revisitant ce temps-là, ému, bouleversé, j’ai ressenti l’impérieuse nécessité d’exprimer mon infinie gratitude au peuple d’alors, un peuple debout.

Et d’entremêler dans le chant « L’Internationale » et « Le temps des cerises ».

N’est-ce pas, Juliette ?

Le temps des cerises.

Qui dans les temps d’aujourd’hui ont un goût fort amer.

Ce qui n’est pas l’affaire du ciel.

Mais qui résulte de ce que nous sommes devenus, de renoncement en renoncement, de capitulation en capitulation.

En 1936, nos pères, nos grands-pères clamaient leur « volonté du bonheur », d’un bonheur partagé.

LIBERTE/EGALITE/FRATERNITE.

Aujourd’hui, le bonheur n’a de sens que dans le repli sur soi.

Le bonheur n’appartient plus aux domaines des vertus sociales.

Il s’est atrophié, confiné dans d’infimes espaces.

Au temps de mon enfance, j’ai savouré les cerises de Juliette, ma grand-mère.

Aujourd’hui, je n’ai rien d’autre à offrir à mes petits-enfants que des cerises amères.

Mais l’immersion dans un passé déjà si lointain m’a restitué des saveurs oubliées.

 

bonheur

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