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Comédies
26 avril 2013

Chinoiseries

Mon François !

 

Ta Majesté !

 

Te voici donc rendu au pays de Mao. Mao qui suscita autrefois quelques vocations socialisantes, dont celle de notre Très Cher et Immense Disparu, ici, à Montpellier, celui-là même que Tonton ne voulut jamais embaucher en tant que Chambellan, va donc savoir pourquoi ?

Le pays de Mao, où d’intransigeants communistes construisent à marche forcée un hyper capitalisme qui fait bien des envieux chez les Médéfieux de chez nous.

Mais il est vrai que ces gens-là ne sont pas à un paradoxe près.

J’ai cru comprendre que tu en avais embarqué une belle brochette dans cet avion dont l’aménagement avait soulevé bien des controverses lorsque le Virevoltant Impulsif en passa commande.

Les affaires sont les affaires, n’est-ce pas ?

Quant à la question des droits de l’homme, telle qu’elle est résolue par les camarades chinois, elle est à ce point accessoire qu’il serait vain de s’offusquer que tu n’en aies pas fait un préalable à ton voyage.

Donc bon vent, Mon François, ta Majesté !

Ne va surtout pas te noyer dans le Yang Tsé Kiang, ce fleuve que Mao traversa à la nage à l’âge vénérable de 76 ans.

La France a toujours besoin de toi, mon François, ta Majesté !

Du moins, je le suppose.

N’as-tu pas franchi avec brio l’obstacle de la ratification, par les élus de la nation, de la loi du mariage pour tous.

Même si tu manquas de peu de nous foutre un sacré pataquès lorsque tu laissas entendre qu’à cette loi les édiles incommodés seraient autorisés à faire valoir la clause de conscience.

Sacré farceur !

Toujours le mot pour rire, même installé sur le Trône d’où tu es sensé incarner non seulement le pays tout entier mais aussi d’y faire appliquer les lois votées par les élus de la nation.

Sinon ?

Je te confirme que le peuple gronde.

L’adoption de la dite loi ne lui fait pas oublier qu’un an après ton élection, le verre est toujours à moitié vide.

Mittal met Florange au rebut.

La famille Peugeot ne tardera plus à fermer son usine d’Aulnay.

Selon les Commentatouilleurs attitrés, la courbe du chômage dépassait en mars certains sommets qu’ils prétendent historiques.

J’en passe et des meilleures.

Rien ne ressemble plus à la politique que tu es sensé conduire que celle qui fut conduite par ton prédécesseur, l’Irascible Trépidant.

Sensé, car je sais bien, Mon François, ta Majesté, que le vrai pouvoir ne t’appartient pas.

Tu en es réduit à jouer le rôle du scribe chargé de traduire en français des directives édictées par celles et ceux qui dirigent les affaires du monde.

Ceux-là même qui ne savent pas où ils vont, mais qui décrètent où nous devons aller.

Dans un sens et puis dans l’autre.

Au gré de leur incompétence et de leur aveuglement plutôt que de leur fantaisie.

Pour eux, l’essentiel n’est-il pas que le Grand Désordre Capitaliste ne soit en rien contrarié ?

Et surtout pas par les mouvements d’humeur de cette classe ouvrière avec laquelle leurs ancêtres furent autrefois contraints de composer. 

Une classe ouvrière qui, de grèves en manifestations leur imposa tant et tant de ces avancées sociales qui jalonnent notre commune histoire.

Au point qu’ils vécurent dans l’angoisse récurrente d’une révolution qui les déposséderait à la fois de leurs pharamineuses richesses et de ce pouvoir qui ne doit rien à la démocratie.

D’où la géniale idée d’en finir avec cette classe ouvrière.

Non pas en la mitraillant à la façon d’un Jules Moch.

Mais en détruisant, petit à petit et le plus discrètement possible, les lieux où elle s’entassait, les lieux où elle fabriquait les richesses dont elle ne tirait que de maigres subsides.

Au cours des quarante dernières années, la France s’est désindustrialisée.

Nos Médéfieux, instruits par de longues années de conflits, ont déplacé les lieux de production vers des contrées plus clémentes et où la main d’œuvre coûte beaucoup moins cher et se montre infiniment plus docile.

Ce qui ne durera pas.

La docilité, bien sûr.

Mais, n’est-ce pas, ce qui est pris n’est plus à prendre.

Ce qui, pour les Médéfieux, constitue la donnée fondamentale.

Tu n’es donc qu’un Monarque pour rire.

Un Monarque de pacotille.

Conscient sans doute de cette réalité-là, voici que, à l’instar de l’autre, l’Irascible Trépidant, tu t’es mis à t’agiter.

Une belle guerre au Mali.

Des ripostes instantanées à des faits souvent anodins.

Des causeries pour ne rien dire.

C’est qu’il faut occuper l’espace médiatique.

Sauf que le Peuple n’est pas dupe.

Il l’est si peu qu’il ne te fait plus confiance.

Il l’est si peu qu’il observe d’un regard amusé les gesticulations de tes Chambellans.

Désabusé, désespéré, il lui arrive de se laisser séduire par les œillades que la Marinasseuse multiplie en sa direction.

Le Peuple t’avait confié le Pouvoir en espérant que tu serais son défenseur intransigeant, son protecteur dévoué.

Or, que voit-il ?

Tu capitules devant les Banquouilleurs.

Tu courbes l’échine face à Mittal, à la tribu Peugeot, à la Reine de la Nuit, toujours présidente des Médéfieux.

Tu opines dès qu’Angela t’ordonne de soumettre notre commun pays à cette cure d’austérité dont même le FMI doute désormais de son efficacité.

Trop c’est trop, mon François, ta Majesté.

Je pressens que ton règne pourrait bien s’achever dès avant le terme fixé par la Constitution.

Tant s’exaspère le ressentiment.

Et que la colère n’est pas bonne conseillère.

Mais qu’il lui faut s’exprimer dès lors qu’elle atteint au seuil de l’insupportable.

Il ne te reste, me semble-t-il, d’autre alternative que de décréter la fin de notre franchouillarde spécificité : cette Monarchie qui feint d’être républicaine.

T’autodissoudre, en quelque sorte.

Tu n’as ni l’envergure du Démiurge ni celle du Sauveur Suprême.

Tu n’es qu’un homme normal mais qui, placé là ou il fut placé par le Peuple Souverain, peut décréter l’instauration d’une Démocratie normale qui ne réclame, elle, qu’un pouvoir proche du Peuple.

Bonne fin de voyage, mon François, ta Majesté.

Je n’ai personne à te demander à saluer de ma part à Pékin.

 

A Voce Rivolta !

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