Réaction

Tout au long des semaines qui viennent de s’écouler, je n’ai pas ressenti la nécessité de m’immiscer dans le débat sur le « mariage pour tous ».

Tant il m’a semblé naturel dans une République qui conjugue LIBERTE/EGALITE/FRATERNITE que des personnes s’unissent selon leurs affinités.

Quitte à transgresser des codes qui prévalent selon d’archaïques valeurs, des codes établis selon des lois surnaturelles par de zélés serviteurs d’églises figées dans des approches autant autoritaires que rétrogrades.

Même si l’usage du mot mariage me fit souvent sourire.

Comme si l’union n’était pas avant tout l’affaire d’un libre consentement entre deux personnes désireuses d’accomplir ensemble un bout de chemin.

La loi va être votée, et c’est tant mieux.

D’autres évolutions suivront, tant il me paraît évident que la recherche de « l’égalité pour tous » n’en est encore qu’à ses balbutiements.

Le débat qui vient d’alimenter tant de chroniques a eu, lui, un immense mérite : faire voler en éclats le consensus hypocrite qui conduit tant et tant de Commentatouilleurs à proclamer urbi et orbi que « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ».

Ce même consensus qui les pousse à nous seriner les oreilles avec le fumeux concept de droite républicaine.

L’opposition au « mariage pour tous » a fédéré en quelques semaines tous les vieux courants réactionnaires qui interfèrent entre la droite extrême et la droite qui l’est à peine moins.

Avec la bénédiction des Empourprés qui, onctueusement, fournirent l’aliment idéologique à des individus dont la pensée se bornait jusqu’alors à l’expression des formes les plus primitives d’une virulente homophobie.

Il revint ensuite à la droite dite parlementaire la responsabilité d’apporter le ciment politique afin de tirer quelques prébendes d’une campagne obscurantiste et indigne d’une nation prétendument civilisée.

Pour le plus grand bonheur de la droite extrême, seule vraie gagnante, contre la République LIBERTE/EGALITE/FRATERNITE, d’un remue-ménage qui fit affront tant à la Raison qu’à l’Intelligence.

Un nouveau pallier vient d’être franchi dans une régression dont je subodore qu’elle pourrait conduire ce pays jusqu’aux abîmes les plus immondes.

La France n’est pas réductible aux Lumières.

La France sait se complaire dans les Ténèbres.

Son Histoire en témoigne.

La droite prétendument républicaine est l’héritière naturelle de courants de pensées qui, sous le couvert de lois immuables, visent à figer les relations sociales autour de valeurs étrangères à la Liberté et à l’Egalité.

Donc des valeurs qui nient les droits de l’homme, ses droits fondamentaux.

Voilà donc la vertu essentielle de ce débat pourtant en partie tronqué : faire voler en éclat le consensus qui est le facteur du dépérissement de la démocratie.

Reste cependant ce qui est à la source de mes angoisses actuelles : l’absence de vision politique d’une gauche résignée, timorée, soumise, incapable d’imaginer d’autre sortie de crise que celle que mitonnent, sous la houlette des sbires du capitalisme, les technocrates d’instances dites internationales.

Le ciel s’assombrit.

Par quelles épreuves devrons-nous en passer ?