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Comédies
3 avril 2013

Fricrailleries

Mon François,

 

Ta Majesté !

 

Cette fois, c’est l’étron de trop, le truc monstrueux qui s’en vient boucher mes chiottes.

Et qui empuantit mon atmosphère.

Vulgaire, me rétorqueras-tu ?

Je te le concède, mais mon propos liminaire est tout de même infiniment moins vulgaire que cette sinistre affaire de fric camouflé dans un premier temps dans une banque helvétique avant que de s’en aller chercher refuge dans une officine sise, elle, à Singapour.

Car quoi de plus vulgaire, Mon François, Ta Majesté, que tout ce fric qui se ballade de paradis en paradis fiscal, des paradis auxquels n’ont accès que quelques poignées d’opulentissimes personnages.

Dont celui dont tu fis ton Grand Argentier, cet ancien ravaudeur de tonsures (et, accessoirement, agent occultissime de quelques-uns de ces groupes pharmaceutiques qui se gavent sur le dos de notre Sécurité Sociale, donc sur notre dos de citoyens et de contribuables).

La belle affaire que le mensonge que tu stigmatisas ce midi à l’heure où je me sustentais d’un grand bol de yaourt de brebis (accompagné de trois cuillerées à café de miel de châtaignier), d’un kiwi et d’une pomme, (ma façon à moi de me préparer à l’imminente cure d’austérité).

Le mensonge ?

Accorde-moi le droit d’en sourire, Mon Président, Ta Majesté !

Ton désormais ancien Grand Argentier, cet ancien ravaudeur de tonsures ment depuis l’instant où il a décidé d’entreposer ses monceaux d’or chez les Helvètes Confédérés.

Depuis donc pas mal d’années.

Dès lors, un mensonge de plus ou de moins, ça n’a guère de sens.

Moi, vois-tu, ce qui me met hors de moi, c’est ton aveuglement tout autant que celui de tes Pairs.

Lorsqu’il y a quatre mois de cela, Médiapart révéla les premiers éléments de ce qui allait devenir « l’affaire Cahuzac », la société des Bien-Pensants s’évertua illico à « noyer le poisson ».

« Quoi ? Lui ? Cet homme admirable, cet homme vertueux qui œuvre à redresser les comptes de la nation ? Vous n’y pensez pas ! »

Illico, tout ce beau monde entonna l’incontournable ritournelle : « Présomption d’innocence ! Présomption d’innocence ! »

(La même ritournelle entonnée par le cœur des vierges effarouchées lorsque Mémé Guérini -non ! pardon ! Jean-Noël ! Un sacré cadeau celui-là ! –fut rattrapé par la justice pour quelques insignifiantes affaires dites de favoritisme…)

Note bien, Mon François, Ta Majesté, que les puissants mêlés à de sordides et gluantes affaires bénéficient toujours de cette fameuse présomption d’innocence, ce qui n’est pas le cas de tant de justiciables modestes.

Mais je m’en reviens à ce qui provoque aujourd’hui un tel tintamarre : l’indignité (je fais référence à la une de Libé) de l’ancien ravaudeur de tonsures.

Lequel Grand Argentier jura, droit dans les yeux, les tiens, ceux de ton Grand Chambellan, ceux des élus de la nation, ceux de tous les citoyens qui constituent, ne l’oublie jamais, le Peuple Souverain, lequel Grand Argentier jura donc que jamais au grand jamais, il n’avait transféré son magot au pays des Helvètes Confédérés.

Et donc, en vertu de la présomption d’innocence, tu continuas à le convier à siéger à ta droite en ses fonctions de Grand Argentier.

Et donc, et toujours en vertu de la présomption d’innocence, l’ancien ravaudeur de tonsures continua à mitonner ces plans dits de rigueur qui font que, le Peuple, pour Souverain qu’il fût, s’appauvrit de jour ou jour.

La Médiatouillerie vous emboîta le pas, à Toi, à ton Grand Chambellan, à tes ministres qui ânonnaient inlassablement : « Présomption d’innocence ! Présomption d’innocence ! »

Jusqu’à Libé, jusqu’au Canard, mon cher Canard, qui firent la fine bouche lorsque Médiapart révéla ces premiers éléments de ce qui devint très vite « l’affaire Cahuzac ».

Et c’est espèce de solidarité, cette sorte de connivence mais qui me révulse plus que tout.

Car moi qui ne suis presque rien, moi qui ne prétends plus à rien, après avoir lu les articles incriminés, je me suis dit qu’il y avait anguille sous roche.

Les moqueries, les tentatives d’intimidation, les menaces larvées m’ont alors paru relever de la négation de la vérité.

Ce qui est la pire des choses, dans une démocratie.

Très vite, j’ai eu le désagréable sentiment qu’ils étaient fort nombreux ceux qui auraient aimé étouffer cette voix discordante, celle d’un journal qui ne doit rien à personne (et surtout pas aux Médéfieux).

Alors de ragots en ragots, d’insinuations et insinuations, d’autres voix, celles de la servilité, se sont évertuées à diffuser le poison du doute.

Mais la vérité s’est très vite révélée en sa nudité la plus crue.

L’ancien ravaudeur de tonsures n’est qu’un infâme salopard, indigne d’assumer, dès avant même que tu les lui confias, les responsabilités ministérielles dont il fit cependant grand étalage.

Ne me rétorque surtout pas qu’au bout du compte, seuls les populismes seront en mesure de tirer profit de cette sinistre affaire.

Ne me demande surtout pas, à moi qui suis un vieil homme de gauche, d’en rabattre de mes exigences, sous le fallacieux prétexte que la République serait en danger.

Voilà tant et tant d’années que celles et ceux qui « dirigent » notre commune nation ont, peu à peu, vidé la République de sa substance.

Voilà tant et tant d’années qu’elles et ils ont fait le lit des populismes en raison de leurs renoncements, de leurs trahisons, de leurs soumissions à des intérêts qui ne sont évidemment pas ceux du Peuple Souverain.

Voilà tant et tant d’années qu’elles et ils pataugent dans les marécages de la démagogie.

J’ignore quelle sera ta destinée, Mon François, Ta Majesté.

Et je te dois l’aveu que cela m’indiffère.

Je tiens toutefois à te préciser que je regrette de t’avoir accordé ce suffrage qui, additionné à tant d’autres, te permit d’accéder au Trône.

Je regrette d’avoir, une fois de trop, tenu à m’assumer en tant que vieil homme de gauche, même si je n’eus alors d’autre désir que de mettre un terme au règne de Celui qui ne dissimula jamais son objectif : en finir avec la République LIBERTE/EGALITE/FRATERNITE.

Je regrette de ne pas m’en être tenu à ce refus que j’avais formulé dès avant l’élection présidentielle de 2002, le refus de m’associer à une farce qui fait injure à la démocratie.

Il est temps, il est grand temps que le pouvoir s’en revienne entre les mains du Peuple Souverain.

Pour l’heure, je ne m’assigne pas d’autre obligation que d’entrer en Résistance et de me préparer au combat contre la forme la plus abjecte de tous les populismes, celui que portent la droite extrême et ses alliés objectifs de ta prétendue « droite républicaine ».

 

A Voce Rivolta !

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