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22 juin 2012

Escapade 1

Vendredi 1 juin

 

Marseille.

Enfouissement métropolitain jusqu’à la Joliette, prélude à une traversée à destination de la Corse.

Traversée qui s’effectuera sur une vieille carcasse brinquebalante, le Monte d’Oro.

Morne attente dans les locaux de la SNCM (Société Nationale Corse Méditerranée).

Morne attente parmi des troupeaux de retraités fédérés sous la bannière de je ne sais trop quel comité d’entreprise.

Tout, ici, transpire le délabrement.

La salle destinée à cette attente.

Le guichet d’enregistrement derrière lequel éternue une employée qui paraît souffrir de claustrophobie.

Les sièges.

Les toilettes.

L’atmosphère.

L’agonie d’un grand corps malade.

Un grand corps qui ne dissimule rien de ses souffrances.

Un grand corps auquel Marc Dufour, le Grand Morticole, n’accorde pas la moindre transfusion.

Marc Dufour !

Le fossoyeur d’Air Littoral.

Qui associe à son savoir-faire de Grand Morticole celui de Croquemort.

Le hasard avait voulu que je le croise le jour de l’Antigone de l’Artisanat, cette manifestation dégénérative qui fait de Montpellier la risée de ses voisines.

Lui, le Modémiste préféré de l’Immense Disparu, en ces temps où les Bayroutristes furent considérés comme possible roue de secours à un parti socialiste en recherche de sulfureuses liaisons.

Directeur Général de la SNCM  (dont l’actionnaire majoritaire n’est autre que le groupe Veolia)!

Une société prétendument nationale qu’il conduit au naufrage.

C’est qu’il s’y connaît, le bougre !

Donc le Monte d’Oro.

Les employés de la SNCM entassent les voyageurs dans des bus hors d’âge.

Il faut en effet parcourir quelques kilomètres pour rejoindre le quai au long duquel est amarré le ferry !

Un chemin parsemé de dos d’ânes.

Des dos d’âne que le véhicule franchit sans trop prendre le temps de ralentir : son pilote sera contraint d’effectuer une seconde navette.

L’entrée dans le ventre du navire sous le regard (narquois ?) des employés du port autonome de Marseille.

Puis l’escalade d’un antédiluvien escalier métallique.

Car il s’agit bien d’une escalade et non d’une ascension.

Avec tout ce qu’il faut de cordes et de pitons pour ne point basculer dans le vide.

Avant d’atteindre aux coursives et aux passerelles et d’en effectuer deux ou trois fois le tour pour trouver l’emplacement de la cabine.

Une cabine étroite, aux couchettes superposées.

Une sorte de sarcophage aux éclairages glauques.

Aux étages supérieurs, un bar à peine approvisionné propose quelques sandwichs aux arrière-goûts continentaux.

J’opte pour un verre de Patrimonio (rouge), histoire d’anticiper sur mon installation en Corse.

Puis je suis ce qui ressemble aux errements du Monte d’Oro entre digues et quais, comme si le ferry redoutait d’affronter la pleine mer, une Méditerranée au demeurant bien sage.

J’admire le Frioul sur sa côte occidentale.

Puis je m’endors.

 

 

 

Samedi 2 juin

 

Le Monte d’Oro se traîne.

Déserté par son équipage ?

Pas le moindre marin, pas un seul officier.

Les quelques passagers qui observent le lever du soleil sur les montagnes corses sont seuls.

Les rideaux du bar sont baissés.

Le Monte d’Oro se rapproche malgré tout des côtes de Balagne.

Les voilà.

DSC04276

Paysages familiers.

L’Île Rousse.

Monticello.

Puis, dissimulé par la colline, le Village, parmi d’autres villages.

L’arrimage aux alentours de 7h30.

La périlleuse descente de l’escalier métallique avant de m’extraire du ferry puis de poser le pied sur la terre corse.

La maison de la presse où je fais l’acquisition de Morse-Catin et de Libé.

Les boulangères, leurs pavés et leurs pains au levain.

Puis, sur la place Paoli, le café des Platanes.

Où rien n’a changé.

Et surtout pas cette immense photo en noir et blanc qui rappelle (exalte ?) une fort ancienne lutte ouvrière.

Je reprends pied.

Un clin d’œil furtif au buste de Paoli.

Un détour par les halles.

Je suis en passe de reconquérir mon droit à l’éternité !

 

(à suivre)

 

 

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