Abstention

Le spectacle est affligeant ?

Qu’importe !

Se tenir à l’écart des tréteaux, ne point applaudir aux médiocres prestations des faire-valoir, en un mot s’abstenir, voilà qui relève de la haute trahison.

C’est du moins ce qui se proclama dans une récente édition de Libé.

Car il serait indigne de ne pas considérer l’élection du Monarque à contrat à durée déterminée comme le socle de notre vie politique.

L’incontournable, celle qui détermine le devenir commun.

Au point que nul n’évoque l’autre élection, celle de la représentation nationale, qui décidera pourtant par quelle majorité notre foutu pays sera gouverné.

Un comble, non ?

Mais la Farce monarchiante exige son Grand Guignol télévisuel, le spectacle susceptible de faire rire ces  grands enfants que sont devenus tant d’électeurs.

Mais puisqu’ils n’ont plus foi dans le personnel politique, du moins sont-ils autorisés à applaudir aux grimaces et contorsions de leurs favoris.

J’affirme une fois de plus que l’élection présidentielle n’a d’autre fonction que de crétiniser le Peuple.

Pauvre Peuple auquel il est demandé, une fois tous les cinq ans, de désigner le Démiurge qui n’accomplira évidemment aucun miracle mais qui laissera croire qu’il pourrait être en mesure d’y parvenir.

Pour peu que…

Pour peu que les Maîtres du Grand Désordre Capitaliste lui en accordassent l’autorisation.

Ceci vu depuis le versant senestre qu’occupent l’Amaigri et Mémé Lenchon.

Car sur l’autre versant, là où le Trivial Pétomane a établi ses campements, il n’est pas la moindre autorisation à solliciter, puisque l’on appartient tout naturellement aux cohortes affiliées au Grand Désordre Capitaliste.

Je réitère donc la position que je défends depuis dix ans : pour qui prétend revivifier la démocratie, pour qui rêve de rendre sens à la république, il n’est pas d’autre alternative que celle du refus.

Du refus de la participation à la Farce.

Le 22 avril, je me compterai, une fois encore, parmi les abstentionnistes.

Puisqu’il n’est plus de mode de couper la tête au Monarque, je prends le pari de délégitimer sa fonction.

Un Monarque sans le soutien du Peuple n’est qu’un Monarque de pantomime.

D’où la nécessité d’une abstention conséquente.

M’insupporte le discours moralisateur de Libé en particulier et de la gauche en général, un discours qui accuse les abstentionnistes de trahir la « bonne cause », alors que ce sont les partis de gauche qui ont trahi le Peuple en faisant de ce scrutin leur objectif prioritaire.

(Parfois pour de sordides raisons, mais ce si est une autre affaire…)

Ceci rappelé, je précise, comme je le fis déjà en 2007, que je ne suis nullement suicidaire.

Je n’ai pas la moindre envie de vivre un second règne du Terrifiant Antiterroriste.

Car je sais que ce second règne serait celui de l’accélération du processus de mise à mort de ce qu’il reste de la République Liberté/Egalité/Fraternité.

Je sais que ce Nicolas II, sinistre et inculte personnage, disposerait alors de tous les pouvoirs pour atteindre à ses funestes objectifs, pour peu que le Peuple Souverain le dote d’une armada de Godillotistes.

Abstentionniste le 22 avril, je voterai le 6 mai.

Je voterai non point en faveur de l’Amaigri, mais contre l’Ectoplasme qui incarne à mes yeux le pire du pire de ce que la France est capable de produire.

Je voterai pour que survive la République.

Avec l’espoir qui si l’Amaigri devait s’installer sur le Trône, le Peuple Souverain lui indiquerait en permanence, et à grands coups de pied dans le cul si nécessaire, les chemins à emprunter.

A Voce Rivolta !