Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Comédies
23 février 2012

COMEDIE (75)

Ma gratitude.

Mon infinie gratitude à l’égard de mon Référent qui exigea de moi que je me fisse pomper quelques décilitres de sang afin de vérifier si je n’ étais pas overdosé par quelques-uns de ces redoutables poisons qui se seraient insinués, à l’insu de mon plein gré, dans l’un ou l’autre de mes organes vitaux.

Je me suis donc présenté, à jeun comme de bien entendu, dans une officine spécialisée dont je ne donnerai ni le nom ni les coordonnées.

Un matin de février.

Dès potron-minet.

J’y fus accueilli civilement puis dirigé vers un cabinet clos et invité à m’installer dans un fauteuil après m’être défait de mes superflus.

Je tendis alors mon bras gauche à l’officiante, une jeune femme ébouriffable qui, armée de son aiguille et de ses flacons, se pencha vers moi.

C’est à cet instant-là que j’ai exprimé toute ma gratitude à mon Référent.

Le gente dame, se penchant vers moi, entrouvrit un si charmant décolleté que j’en eus aussitôt les sangs tourneboulés.

Deux jolis tétons roses émergeaient d’arachnéennes frivolités.

Deux tétons qui me semblèrent alors cligner de l’œil.

Tandis que mon sang rubicond emplissait les flacons, jaillissant de mes artères.

Un jaillissement à ce point évocateur que je confusionnai illico sous le regard attendri de mon avenante persécutrice.

Je suis désormais prêt à donner mon sang une ou deux fois la semaine.

Fusse au prix d’une excessive et incontrôlable augmentation du déficit de la Sécu.

 

 

 

 

Quel conformisme !

L’Immense Disparu statufié selon les canons d’une esthétique anachronique !

Ce qu’il aurait sans aucun doute lui-même récusé.

Costume, cravate ainsi que les quelques superflus liés à de régaliennes fonctions ?

Mais, foutre dieu, c’est faire injure au personnage !

Ce classicisme bourquineux est indigne de ce que fut Georges Frêche.

Là où il eu fallu de la démesure, l’homme de l’art s’est englué dans les banalités, les clichés, la bienséance.

Oui, de la démesure.

A la dimension de l’Homme qui méprisait l’étroitesse, la petitesse, le convenu.

Georges !

En sa nudité triomphante.

A l’instar de l’Apollon et du Poséidon qui, statufiés eux aussi, mais selon des modèles antiques, narguent les pires des saisons du côté d’Antigone.

Georges !

Au sommet de son Olympe.

Dont les deux mains caressent le crâne de deux angelots allongés à ses pieds.

Deux angelots obèses.

Loulou et Depardiou.

Je fais d’ores et déjà fi des reproches que mitonnent les puristes : il n’existait pas d’angelots dans la mythologie grecque.

Que nous importe, puisque nous abordons à la création artistique, laquelle autorise toutes les licences.

Une licence qui me conduit à ajouter à la sculpture, sans toutefois l’alourdir, deux sous-fifres : un torche-cul qui pourrait ressembler à notre cher Pizzaïophage et un brasseur de vent agitant un éventail au-dessus de la tête du Héros qui, lui, aurait les traits du celui qui rêve d’avoir un jour le temps de pêcher le goujon.

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Comédies
Publicité
Archives
Newsletter
Publicité