COMEDIE (25)

Prodige.

Cela tient du prodige.

"Elle s'arrondit"!

Kékunkimadi.

Qui sera la maman du Dauphin lorsque l'automne sera venu.

Puisqu'un spermatozoïde royal féconda l'ovule aristocratique (je me répète....).

Donc Kékunkimadi s'arrondit.

Ce que stupéfactionne les Médiatouilleux Accessoires.

Comment ça s'arrondir?

Cela ne s'était jamais vu, donc cela tient du prodige.

Voire du miracle.

Un miracle concevable puisque la verge d'où fut propulsé la spermatozoïde fécondant appartient à notre Bon Roi installé dès le début de son Règne par le Grand Vaticancaneur dans les fonctions de Chanoine de la Transe.

L'ignoble Mladic, le boucher de Srebrenica, croupit enfin dans une geôle.

Au terme d'une quinzaine d'années de cavale tout de même.

Mieux vaut tard que jamais.

Peut-être qu'un jour, les apparences seront sauves.

L'Occident, en ses multiples variantes chrétiennes, s'installera enfin et pour la si fragile et inconstante éternité des temps dans la paix et l'abondance.

J'aimerais me réjouir.

Mais le quasi septentuagénaire que je suis ne parvient pas à oublier que d'ignobles et franchouillardes canailles furent enterrées avec tous les honneurs républicains en raison des services inestimables rendus à la nation.

Papon.

Bigeard.

Entre autres.

Tous ceux dont les mains se sont couvertes, de sillon en sillon, de tant de sang impur.

Tel celui de ces algériens qui, en 1961, manifestèrent pacifiquement dans les rues de Paris pour l'indépendance de leur pays.

Et sur lesquels le Préfet Papon (qui, plus tard, deviendra ministre de Giscard) lança les meutes de ses chiens si peu policés.

Je m'en vais m'efforcer de dresser la liste des Héros légiondhonneurisés qui, durant les soixante-dix années de mon existence, ont commis, du Viet-Nam à Madagascar en passant par l'Algérie et la Guinée des crimes contre des humanités en souffrance.

(Sans qu'aucun tribunal international n'ait jamais eu à juger les forfaits commis par ces Héros.)

Désolé, notre Hélène, mais j'enrage.

J'enrage d'autant plus que le grand-père que je suis a désormais l'opportunité de promener dans un landau sa petite fille.

Et cela dans des rues prétendument piétonnes.

Je m'explique, notre Hélène.

Le paradis des marcheurs, des flâneurs, des pas pressés, des zigzagueurs, ce paradis-là est forclos.

Les rues piétonnes appartiennent désormais à celles et ceux qui enfourchent des deux roues.

D'abord aux adeptes de la petite reine, pédaleurs de charme, longoïstes et autres forçats du pavé.

Prioritaires, puisque doté(e)s d'une machine susceptible d'atteindre de conséquentes vitesses.

Ensuite aux scoutéristes et aux motards, dont les engins dotés de machineries sophistiquées s'exaspèrent dès qu'un marcheur les contraint au ralentissement et (ou) au contournement de la Chose quasiment inerte qui s'ébaubit devant une vitrine où s'exposent d'arachnéennes frivolités.

Les scoutéristes dont les moteurs flatulent dans de mineures harmonies alors que ceux des motards grognent et s'exaspèrent lorsque l'espace qui leur revient de droit ne leur est pas concédé dans l'instant.

L'errance du piéton est devenue une aventure pleine de périls.

Le piéton dont l'oeil et l'oreille doivent anticiper les menaces, d'où quelles viennent.

Malheur à lui s'il persiste dans son zigzaguement ou s'il prolonge son stationnement devant la vitrine aux frivolités.

Malheur à sa petite fille lorsque les pots d'échappement déversent leurs poisons au niveau du visage de l'enfantelet.

La gamme complète des poisons qui lui est infligée par des pilotes dont la priorité sur le piéton ne se discute même pas.

D'où ma question à notre Hélène: ne devient-il pas nécessaire de redéfinir la fonctionnalité de rues qui n'ont plus de piétonnes que le nom? 

35 000 dollars.

Payés, chaque mois, par un Nécessiteux pour prix du loyer d'une maison de "très grand standing" à Tribeca, quartier du sud-ouest de Manhattan.

Un Homme qui voulait si peu changer le monde.

Je comprends pourquoi.