Gros Bébé Joufflu

Le Gros Bébé Joufflu éditorialise désormais dans Libé.

Normal: il est directeur (mal élu) de la rédaction.

Le Gros Bébé Joufflu éditorialise, ce vendredi 18 mars, à la droite d'un portrait de Juppé de Nonne, droit dans ses pompes noires, le ministre des étranges affaires étrangères.

Le Gros Bébé Joufflu titre sa contribution: "Logique de guerre".

C'est si joli la guerre, n'est-ce pas?

Même que ça peut rapporter gros.

Et en tout premier lieu pour Lagardère, son ancien patron.

(Etrange cette faculté du Gros Bébé Joufflu de passer de la radio dévouée au Monarque à une autre radio, propriété celle-là d'un marchand d'armes, avant que de se mettre au service d'un banquier....)

Oh certes, Kadhafi est une ignoble ordure.

Mais une ignoble ordure que notre infecte monarque reçut en grandes pompes en son élyséen palais voilà à peine plus de deux ans.

Alors, oui, les droits des "peuples qui cherchent et chercheront à conquérir leur liberté", je souscris.

Je souscris sans la moindre réserve.

Mais je rappelle au Gros Bébé Joufflu qu'il appartient à une nation dont le soutien aux "peuples qui cherchent et chercheront à conquérir leur liberté" s'exprima en d'autres temps de manière peu conforme au respect de ce droit.

Je tenais déjà debout sur mes jambes et commençait à cavaler dans les profondeurs de la forêt ardennaise, lorsque l'armée de la république, à peine expurgée de ses cadres pétainistes, réprima la volonté d'indépendance et donc de liberté alors exprimée par des "peuplades indigènes" intégrées, à l'insu de leur plein gré, au sein de la nation française.

La canaille militariste s'en donna à coeur joie.

Combien de morts dans la région de Sétif au cours des jours  le 8 mai 1945 (tout un symbole, non?) qui suivirent les manifestations des "indigènes"?

Quelques milliers?

Quelques dizaines de milliers?

Les mêmes officiants de la soldatesque s'illustrent quelques jours plus tard à Madagascar, là encore face à des populations qui revendiquent leur liberté.

Combien de morts?

Plusieurs dizaines de milliers.

Une centaine peut-être.

Ce que je veux indiquer au Gros Bébé Joufflu, c'est que la France est très mal placée pour donner à qui que ce soit des leçons de morale.

Trop de cadavres, beaucoup trop de cadavres qui sont notre commun fardeau pour s'arroger, soixante ans plus tard, le droit de sermonner les vilains et les salauds.

Qu'il n'oublie également pas, le Gros Bébé Joufflu, que la charogne de Papon repose paisiblement, une légion d'honneur greffée aux lambeaux de son costume, sous cette terre briarde si typiquement franchouillarde.

Papon et ses quelques centaines de juifs expédiés depuis Bordeaux vers les camps d'extermination.

Papon et les quelques centaines de cadavres de ces

algériens qui avaient eu l'outrecuidance de manifester dans les rues de Paris, le 17 octobre 1961, "à mains nues", "pour conquérir leur liberté".

J'avais dix neuf ans.

Je n'ai jamais oublié.

Voilà...

Un bref rappel à ceux qui révèlent une fâcheuse tendance à l'oubli.

Kadhafi est certes une ignominie.

Mais au même titre que la France de ceux qui exterminèrent sans le moindre état d'âme des hommes et des femmes qui "cherchaient à conquérir leur liberté".

Le Monarque et son Ministre des Etranges Affaires Etrangères, faut-il le rappeler?, sont des enfants naturels de Papon, formatés dans les bataillons des godillotistes pour lesquels la République se réduisait (et se réduit plus que jamais) à un cabinet clos à l'intérieur duquel s'exerce le pouvoir.

A Voce Rivolta!